LA ROUTE 26/12/2006
Une longue ligne droite qui file à perte de vue; une femme qui vous délaisse par manque d'amour. Je regarde devant moi, c'est toujours la même route, c'est toujours la même histoire. J'ai cette vieille impression de souvenirs sur ces chemins. Des voyages d'antan qu'on oublie jamais. Un retour de Montpellier après un mariage par une chaleur accablante de Juin. Un voyage en Espagne, puis deux sous ces soleils d'été qu'on affectionne. Des moments d'attente qu'on bénit, fugaces, pleins d'excitations à l'aller, plein d'amertume au retour. Je me vois déjà dans les eaux bleutés; je me vois déjà dans la vieille cité. Rouler c'est la découverte de l'inconnu. Partir c'est toujours s'oublier un temps. Ce matin je me souviens. Je roule trop; une habitude. Partir c'est désormais me rappeler à la réalité.
Pure digression.
Cet après-midi de 24 décembre je roule encore. La morosité m'a vaincu. Ce n'est plus pareil, ce n'est plus comme lorsque j'étais dans cette maison, que nous fêtions Noël avec nos cousins. La famille est morcelée, éclatée, dispersée, comme ma tête depuis des années. Je l'ai aimée, comme tout ceux qui m'entourent mais je les perds dans mon coeur, irrémédiablement. Tout ce qui me fait du mal disparaît de ma vie. Il m'a fallu rouler jusqu'au lac pour me dire ça. Et puis je pense une nouvelle fois à Elle. C'est la seule qui ne veut pas sortir de ma vie comme les autres. Je passe à côté des chevaux, je me dis que lui envoyer une photo pour Noël lui arracherait un sourire... Warning, je prend la photo, demi tour. Quelle connerie. C'est l'heure d'aller... D'aller où ? Il est à peine cinq heures... Je serais en avance pour réveillonner.
Cette voiture me porte au gré de mes pensées. J'adore, je pourrais faire des kilomètres et des kilomètres. J'aime et je déteste à la fois cette solitude. Je roule, je roule, je roule encore. J'évite les autres, je suis dans un microcosme où rien ne peut m'atteindre.
Une suite inattendue.
Cette fois je décolle le soir, et je change la radio. Finis les blabla jusqu'à pas d'heures.
LA ROUTE SUITE 31/01/2007
1 h 20. Bordeaux, dimanche soir. J'hésite encore. Dois je rester dans la ville qui m'a enfanté ou partir vers l'autre ? Sans cesse cette question redondante. Je sais d'où je viens, mais je ne sais pas vers où je vais. Un trajet c'est comme la vie. On sait toujours d'où l'on vient on sait parfois où l'on va. J'arriverais tard dans mon second chez moi; qu'importe au moins la nuit et les angoisses seront masquées par la fatigue d'un voyage. La route est dure. Je lutte pour garder mes paupières ouvertes. Je zigzague à moitié entre les camions. Pourquoi ne pas simplement m'endormir, ça ne ferait que raccourcir ma morne vie. Ah moins que... Qui tient vraiment à moi ? Qui me connaît vraiment pour tenir à moi ? Je lis dans les autres, je les comprend, je me sens toujours apprécier, on me considère toujours comme un gars bien mais... Personne ne voit en moi. Comme la lune j'ai une face cachée, une face cachée pleine d'instinct, d'émotions, de peur, presque animale; mais elle ne sort jamais. Elle devrait parfois. J'y pense en roulant. J'aimerais que ces instants de fatigue et de route ne s'arrête jamais. Partir vers... Vers l'horizon d'une nuit sans fin.