2e mouture, j'ai modifié des trucs amélioré des bidules y aura certainement encore un ou deux jets avant que ce soit définitif.
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Chasseur de rêves
Elle était allongée sur le toit de l’immeuble Tertanek. Non pas qu’il en eu douté, mais ses échecs précédents lui avaient appris à se méfier. Le soleil était à son apogée et se reflétait en une myriade d’étincelles sur l’étendue d’eau de la place principale de la Capitale.
Gaël observait attentivement ses moindres faits et gestes. Il l’avait vue en action avant de se décider puis l’avait guidée jusqu’au président pour qu’elle l’assassine.
Lui en était incapable ; à maintes reprises il avait fomenté quelques desseins afin de l’éliminer, mais l’impressionnant charisme du leader politique le tétanisait. Ce dernier avait un pouvoir colossal, il dirigeait l’alliance jusque dans ses moindres faubourgs.
Cette obsession torturait ses nuits. Il imaginait de nombreux plans d’homicides souvent ponctués par de cuisants échecs.
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Un soir, après avoir visionné de nouveau la cassette évoquant les exactions du président lorsqu’il n’était qu’un simple prétendant à l’investiture, Gaël alla se coucher, tiraillé par ses évocations d’horreur.
Le président avait eu la désobligeance de filmer sa cruauté : Vincent Polou et sa femme en train de se faire torturer jusqu’à la mort par une équipe dirigée par l’infâme gouvernant. Le couple avait eu pour seul tort de s’ériger en adversaire du digne successeur du Président Paul III.
Gaël s’allongea sur son lit. De chaudes larmes vinrent perler sur ses joues lui rappelant à chaque écoulement sa faiblesse. Polou était son père. Il avait été mutilé il y a quinze ans. Il en était mort, ainsi que sa femme. Quinze longues années à ruminer sa vengeance. Le jeune Polou avait maintenant 31 ans.
Si Vincent n’avait réussi à renverser le pouvoir par les complots et la diplomatie, Gaël essaierait par le crime. Il n’était pas persuadé que cela influerait sur les corporations en place, mais cela assouvirait au moins sa rancune.
S’endormant péniblement dans sa modeste chambre du deux cent quinzième sous-sol, il se prit à rêver d’une Siyol. Créatures de l’ancien temps, la mythologie contait leurs exploits. Elles étaient de redoutables meurtrières dotées de sens aiguisés et capables de prouesses étonnantes. Elles pouvaient terrasser n’importe quel géant. Ressemblant vaguement à une femme, elles s’en distinguaient par leur allure féline et leur visage de tigre.
A son réveil, cette créature lui avait donné des idées. Il n’eut qu’une envie : Parvenir à tuer le président dans ses rêves. S’il ne pouvait le faire dans la réalité, qu’il y parvienne au moins dans ses songes.
Il s’installa alors sur son terminal de données matricielles afin d’obtenir de plus amples renseignements sur ce dont il se souvenait à propos des chamans aborigènes : Les rêves lucides. Il désirait non seulement s’approprier ses rêves mais les commander, les déclencher et les orienter vers son désir le plus fou.
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Se réveillant lors de sa six cent huitième expérimentation, il était persuadé d’être parvenu à contrôler son rêve. Il avait réussi à freiner la course de la voiture qu’il pilotait alors qu’il était en pleine rocade. Convaincu que ses actions n’étaient pas prévues dans la trame du scénario onirique, il jubilait. Son vœu prenait enfin forme.
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Après de nombreux essais, il n’était toujours pas parvenu à rencontrer son ennemi dans son monde nocturne. Tous ces échecs le rendaient désespéré. Epuisé par ses efforts répétés, il n’était plus qu’un homme sans aucune substance. Il ne subvenait plus à ses besoins primaires. Il ne survivrait pas longtemps ainsi. Son esprit divaguait, il se prenait parfois à parler seul, à confondre réalité et songe. Son regard torve et ses sens absent, il sombra en prenant un cachet de « nouvel espoir », sa drogue fétiche qui lui permettait d’oublier sa condition de semi esclave.
En se réveillant d’une de ses excursions nocturnes, il découvrit un plat à ses pieds. Ce met n’avait rien de commun avec ce qu’il avait pu goûter dans la vie réelle jusqu’à présent, il était coloré, rouge sang. Il se souvint alors qu’il avait dîné au « Fast blood » un restaurant rapide sorti tout droit de son imagination où la nourriture était servie sous forme de sandwich de viande crue, les animaux étant tués sous les yeux du client. Tiraillé par la faim, il n’en fit qu’une bouchée.
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Fort de cette découverte, Gaël ramena des objets chaque jour plus imposants, allant du stylo au fusil laser. Il entreposait tant de découvertes qu’il ne savait plus s’il était dans sa chambre du deux cent quinzième sous-sol ou bien dans la maison de ses rêves. Il n’avait plus qu’une obsession : collectionner les objets les plus fous et les plus inhabituels. Son angoisse était dorénavant de ne pas trouver un ustensile le sortant de son quotidien.
Prit dans cette frénésie conservatrice, il se rendit compte qu’il était alors temps de réfléchir à ce qui lui arrivait et plus précisément ce qu’il devait faire. Il se souvint de son but originel et de ce qui l’avait poussé à se lancer dans cette aventure onirique. Un éclair de lucidité au sein de cette brume de folie.
Il se mit alors à échafauder un plan afin de ramener une Siyol. Après tout, l’élimination de son ennemi était bien là son désir prépondérant, tout du moins il pensait que c’était à nouveau le cas. Il n’avait encore transféré que des objets de son monde onirique au monde réel. Il s’interrogeait sur la possibilité de transporter un être doué de réflexion.
Ses doutes se matérialisèrent quand il se heurta à la volonté inébranlable de la Siyol qu’il avait vue. Il l’avait approchée alors qu’elle pistait un minotaure échappé de son labyrinthe. Pour de simples objets, il lui suffisait de les tenir fermement et de ne pas les lâcher à son réveil ; mais pour un être hostile, il fallait agir plus subtilement. Il songea alors à l’enfermer dans une cage qu’il pourrait ainsi émerger de ses rêves, avec son contenu. La faire émerger de ses rêves… C’était un terme qu’il avait imaginé pour décrire ses actes nocturnes.
Gaël se concentra intensément, pour produire un objet à un endroit précis, il fallait utiliser un processus mental qu’il avait développé à mesure de ses expériences mais qui saisissait toute sa force psychique. Il ne lui fallu que quelques instants pour matérialiser l’instrument souhaité qui apparut quelques mètres au-dessus de sa cible. Il touchait au but, la cage se referma sur la Siyol déchaînée. Il entreprit ainsi de sortir de son voyage spirituel afin de la faire émerger dans sa réalité.
Il s’était réveillé en sueur, le sang lui coulant des narines. Il ouvrit péniblement les yeux embués par une migraine atroce. Il ne voyait aucune trace de cage ou d’une quelconque créature mythologique. Il hocha difficilement la tête en guise de renoncement. Il se rallongea sur son lit, son esprit martelé par une douleur qu’il imaginait provenir de la lutte de sa propre volonté contre celle de la Siyol. De nombreux points blancs obstruaient sa vision, l’obligeant à fermer les yeux et faire le vide autour de lui.
Quelques heures de douleur intense plus tard, il avait saisit la subtilité. Il lui faudrait développer des facultés psychiques afin de la contraindre à le suivre, sans user de stratagèmes, simplement sa force de persuasion, assaisonnée d’un brin de pouvoir psy.
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Un singe. Oui, un singe, ce serait parfait. C’était ce qu’il avait tiré de ses quelques réflexions sur le sujet. Il avait emmagasiné un nombre de connaissances psys par le biais de divers oniriformateurs. Ces hommes et femmes qui l’avaient guidé vers des possibilités qu’il n’avait jamais imaginées atteindre. Il était dorénavant capable de comprendre les pensées les plus intimes de ses sujets. A force de concentration, il pouvait même percer les défenses des plus entraînés des psys. Ses maîtres lui avaient cependant déconseillé de se frotter à une Siyol, son but avoué. Ces dernières avaient une telle force de conviction que les affronter psychiquement ne pouvait que mal se terminer. Mais Gaël n’était pas un élève comme les autres. Il avait un dessein, et celui-ci passait par la domination d’une Siyol.
Il devait cependant s’exercer sur un primate pour acquérir une expérience conséquente.
Ainsi, il fit émerger de nombreux singes, se heurtant tout d’abord à quelques réticences, il réussit à manipuler leurs esprits afin de les convaincre de franchir le pont séparant le rêve de la réalité. Il lui est apparu une sensation étrange : le voyage était très troublant pour ces animaux. Il ne pouvait pas les questionner une fois émergés, mais il le voyait dans leur regard. Toute la détresse exprimée dans la prunelle de leurs yeux lui fit comprendre que la tâche était certainement plus ardue qu’il ne l’aurait espéré.
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Il se sentait enfin prêt. Il avait renvoyé tous ses cobayes dans leur monde. Quatre mois s’étaient écoulés depuis ses premiers animaux émergés… Ou six, ou huit, Gaël ne savait plus exactement.
Il prit une longue douche pour se détendre, fit brûler nombre d’encens apaisants et se badigeonna d’onguents anesthésiques pour ne pas être perturbé dans son sommeil.
Pour calmer sa nervosité que la douche et les encens n’avaient contenue, il s’alluma une pipe d’herbe à soupir. « Enfin prêt » se dit-il avec enthousiasme. Il s’allongea dans son lit afin de faire le grand voyage. Il ne mit que quelques minutes à s’endormir, les onguents ayant fait effet.
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Il apparu dans une ruelle déserte, seul un éléphant difforme croisa sa route. Il lança un regard vers le ciel pour guider sa route, ce dernier était illuminé de deux soleils. Un Rouge et un bleu, ce qui donnait à l’environnement un teint légèrement violacé. Passe un immeuble qui se distors en une maison de campagne. Laissant place à une ambiance de crépuscule, les deux soleils se couchent arborant une coloration verdâtre. Gaël entendit un hululement d’oiseau nocturne qui le fit sortir de sa léthargie et lui rappela le but de sa quête. Se souvenant de ses recherches, il se dirigea vers un amas de ruines qui apparaissaient à quelques pas de lui. Les Siyols vivent dans la nature mythologique, se dit-il.
Il entreprit sa marche vers la cité abandonnée. Il aperçut une aurore boréale remplaçant le coucher des soleils. Son regard longeant la voûte colorée, il pu apercevoir un pégase s’éloigner dans les airs.
Le rêveur se dirigea vers une grotte ; c’est toujours là que se situent les géants, cibles préférées des Siyols. Il esquissa un timide sourire lorsqu’il distingua le colosse pointer hors de la caverne. Le monstre ne l’avait pas repéré, bien heureusement. Il avait besoin de cet appât encombrant. Il devait bien mesurer cinq ou six mètres. Son regard n’était pas menaçant. Il semblait absorbé par un rituel dominical. Gaël put discerner une ombre tapie auprès de la grotte. Le géant ne l’avait pas encore découverte. Le jeune homme se doutait qu’il s’agissait du mystérieux prédateur.
A peine eut-il le temps d’imaginer un scénario que les deux créatures en venaient aux mains. La Siyol avait surgit de sa cachette pour fondre sur la trachée de son ennemi. Gaël les observa en découdre durant de longues heures. La bataille était digne des récits mythologique : grandiose, titanesque. Mais surtout meurtrière. Le géant devait s’affaisser en un spasme laissant échapper son liquide vital. La Siyol était vainqueur. C’était bien une créature redoutable.
Le jeune rêveur s’approcha de la bête affalée pour constater qu’elle était morte. La Siyol le détaillait avec dédain, de son regard de braise. La haine courait en elle comme la rivière dont on pouvait désormais distinguer le léger bruissement. Elle ne tuerait pas Gaël, il était une cible trop facile pour elle. Elle porta son attention sur les yeux du jeune homme qui évoquaient une tristesse et une détermination profondes. Elle était comme envoûtée par cette vision. Elle sentait qu’il pénétrait son esprit, voulait lutter, mais il était déjà en elle. Il lui imprima ses ordres, lui fit comprendre que si elle voulait être tranquille, il lui faudrait obéir à son nouveau maître. Si elle voulait revenir en ce monde onirique, il lui faudrait être docile et tuer un homme pour lui. Elle lui répondit que ce n’était qu’une simple formalité pour elle mais que cela la démangeait de lacérer son visage d’esclavagiste.
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Gaël se contraint à émerger de son sommeil. Il ouvrit les yeux. Il fut surpris en voyant la Siyol si proche de lui. Elle était pitoyable, elle avait dû terriblement souffrir du transfert.
Il s’avança placidement vers elle et la fixa intensément. Il lui fit parvenir des émotions afin de communiquer. Il décidait de l’appeler Alicia. D’un geste, il lui fit comprendre qu’il ne faudrait pas s’appesantir.
Imperturbable, il semblait métamorphosé par les événements. Il lui fit la promesse de revenir au plus tôt et alla se renseigner sur le lieu où se trouverait le président en ce jour. Il devait faire vite avant qu’Alicia ne s’impatiente.
Le président serait en représentation en plein centre ville. Tout se déroulerait parfaitement.
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Elle était allongée sur le toit de l’immeuble Tertanek.
Il lui avait indiqué le meilleur endroit où se poster pour ne pas se faire repérer par la sécurité. Lui l’observait avec ses jumelles du haut de la colline aux étoiles. Il ressentait de nouveau sa nervosité habituelle. Sa vengeance allait enfin être assouvie. Enfin, tout du moins Alicia le ferait pour lui. Il jeta un regard vers le ciel orageux. Ce serait une journée à graver dans le marbre.
D’immobile, elle se mit rapidement en mouvement. Elle s’élança subitement en un bond félin. Elle avait sauté du haut de l’immeuble en apercevant sa cible. Surpris, les hommes de main ouvrirent le feu à tout va, mais Alicia était trop leste pour qu’ils puissent la viser. Elle fit une élégante cabriole vers le président qui était recouvert de gorilles le protégeant. Elle déchiqueta sans sourciller les premiers hommes à sa portée. Ils n’étaient que de ridicules jouets à côté des ogres et autres géants de son monde. Puis elle accéda à son objectif. Elle vit son regard pétrifié par la peur. Elle lui rendit un sourire carnassier et plongea ses griffes dans sa cage thoracique qui émit un léger gargouillis. Le président venait de s’éteindre.
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Trou noir.
Alicia avait disparu de son champ de vision, de même que la ville entière. Ses sens étaient brouillés. Il devait être allongé.
Il ouvrit les yeux, entendit vaguement quelques borborygmes, puis une exclamation :
« Enfin ! Après quinze ans il se réveille enfin ! »
